En France, les villes moyennes ont maintenant la cote

Surtout depuis la pandémie 2020 … Mais « villes moyennes », veut dire quelle population ?

« Villes de France est l’association réunissant les élus des communes de 10 000 à 100 000 habitants »

« Un tournant sociologique ? Peut-être. Un tournant politique, aussi, avec le lancement, dès 2017, du programme Action cœur de ville, un dispositif doté de 5 milliards €, cofinancé par la Banque des territoires, Action logement et l’Agence nationale de l’habitat destiné à revitaliser les centres-villes  de ces communes chefs-lieux de taille moyenne qui périclitaient, asphyxiées par :

. les métropoles drainant l’essentiel des activités,

. les centres commerciaux qui prospéraient à leurs limites,

. et atteintes par la fermeture de services et d’établissements publics de proximité. »

Pour plus d’infos :

/https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/07/08/en-france-depuis-la-pandemie-les-villes-moyennes-ont-la-cote_6087440_823448.html

Toutefois, la population d’une commune n’est pas toujours le critère suffisant pour évaluer la taille d’une ville : lorsque des communes autour sont urbanisées en continu, l’INSEE prend en compte l’unité urbaine définie par : « une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 m entre deux constructions) qui compte au moins 2 000 habitants. »

«Premier bilan peu convaincant» des métropoles (Cour des comptes)

« Leur création n’a pas encore eu les effets structurants escomptés en matière de mutualisation, de transferts de compétence et de rayonnement. »

Elles sont à présent 22 en France métropolitaine. Outre les trois métropoles à statut particulier (Grand Lyon, Métropole Aix-Marseille-Provence et Métropole du Grand Paris), 19 ex-communautés urbaines ont acquis à ce jour le statut de métropole : Lille, Rouen, Metz, Nancy, Strasbourg, Orléans, Brest, Rennes, Nantes, Tours, Dijon, Clermont-Ferrand, Saint-Etienne, Grenoble, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Toulon, Nice.

« Les métropoles n’entraînent pas systématiquement dans leur sillage le reste de la région, certaines se développant de manière relativement isolée », note la Cour des comptes, citant notamment les cas de Bordeaux, Lille, Montpellier et Toulouse.

https://www.ccomptes.fr/fr/publications/les-finances-publiques-locales-2020-fascicules-2-et-3

Voilà un sujet intéressant de conversation pour les élections régionales 2021 : que laisse Toulouse (et Montpellier) pour la région Occitanie, que fait la région en dehors de ces métropoles ? Que laisse Bordeaux pour la Nouvelle-Aquitaine, que fait la région en dehors de Bordeaux ?

Isthme aquitano-pyrénéen

Il y a plus de 2000 ans, le philosophe et scientifique Posidonios (repris par Strabon, dans sa Géographie) décrivait l’isthme pyrénéen, de 370 km environ entre océan Atlantique et mer Méditerranée. De part et d’autre, il distinguait l’isthme entre les deux « golfes celtiques » ou « galatiques », (golfe de Gascogne et golfe du Lion) soit les terres en Gaule(s), et l’« isthme ibérique » soit celles vers le sud, en Ibérie (Espagne et Portugal ultérieurs). L’appellation isthme pyrénéen peut s’appliquer au piémont français comme au piémont espagnol des Pyrénées. Le pays basque comme les pays catalans, chacun à une extrémité de la chaîne, s’étendent sur ces deux piémonts.

« Toulouse (Tolosa) est bâtie sur la section la plus étroite, évaluée par Posidonius à moins de 3000 stades, de l’isthme » (Strabon). A l’est de Toulouse s’étendaient les territoires des Volques (cf. allemand Volk : peuple) Tectosages, et Arécomiques vers le Rhône. A l’ouest de Toulouse, entre Pyrénées et Garonne jusqu’à l’océan Atlantique, se trouvait l’Aquitania, décrite par Jules César et Strabon, des peuples Aquitani (aquitans ou aquitains). Leur nom se retrouve dans celui du bassin aquitain, qui s’étend entre Pyrénées et Massif central.

Pyrénées, isthme et Aquitania (de César) sont parmi les plus anciens noms géographiques pour caractériser le Sud-Ouest français d’avant la France. Proposition englobant les pays aquitans, le piémont pyrénéen et le bassin de l’Aude : isthme aquitano-pyrénéen, de l’océan Atlantique à la mer Méditerranée. Des fleuves Adour à Aude, via la Garonne et ses affluents pyrénéens dont l’Ariège.

Bibliographie : Strabon. Géographie : livres III et IV. Les Belles Lettres, Paris (Janvier 2003).

26 septembre : journée européenne des langues

La journée européenne des langues, à l’initiative du Conseil de l’Europe, vise :

  • à célébrer la diversité linguistique et culturelle,
  • à favoriser le plurilinguisme et la communication interculturelle,
  • à permettre l’apprentissage des langues tout au long de la vie.

La Journée européenne des langues a été créée lors de l’Année européenne des langues en 2001, à laquelle ont participé 47 états.

 

Autour des Pyrénées, il y a : le français et l’espagnol bien sûr, mais aussi le basque et le catalan. Tous mentionnés officiellement pour la journée européenne des langues.

Par contre, pas plus d’aragonais (Haut-Aragon) ni de gascon (en Béarn , Gascogne et Val d’Aran) ou de languedocien (Languedoc) que d’occitan (au sens large, langues du Midi de la France), à l’occasion de cette journée européenne.

Et si du 26 septembre, on faisait aussi la journée européenne, ou inter-régionale, des langues pyrénéennes ?

Le linguiste Gerhard Rohlfs a écrit, il y a plus d’un demi-siècle, le livre « Le Gascon, études de philologie  pyrénéenne » : le gascon est un idiome pyrénéen qu’il a comparé au basque, à l’aragonais, au catalan, au castillan (espagnol), au français, au portugais et au latin.

Ajustement du périmètre des régions du (grand) Sud-Ouest français

La loi de redécoupage des régions, préparée hâtivement et qui est entrée en application à l’occasion des élections régionales de décembre 2015, a privilégié la fusion intégrale de régions. Un ajustement plus fin, par département, aurait permis d’éviter plusieurs inconvénients. Une loi dans ce sens serait bienvenue.

Mais d’abord, la question se posait, si fusion, d’étendre la région Aquitaine vers le nord (Poitou-Charentes, Limousin) ou vers l’est (Midi-Pyrénées). Plusieurs éléments militaient pour la deuxième solution, dans les départements limitrophes de ces deux régions, mais la difficulté majeure était sans doute de faire cohabiter dans une seule région Bordeaux et Toulouse, deux des cinq plus grandes métropoles régionales françaises. Car nous sommes en France, et il n’y a qu’un n°1… en région aussi.

Par contre, la carte géographique montre une région Nouvelle-Aquitaine démesurément étendue du nord au sud, et large au nord alors que sa base sud est étroite : le seul département Pyrénées-Atlantiques (64). Poitiers et Pau (64) sont distantes de 430 km, Poitiers et Bayonne (64) de 420 km (calcul du trajet via site Michelin).

Les Charentes (deux départements) ont une relation de proximité avec Bordeaux et la Gironde. Il n’en est pas de même des deux départements le plus au nord (Deux-Sèvres et Vienne) qui pourraient, si l’on scindait l’ex-région Poitou-Charentes, se joindre aux régions Pays de la Loire ou Centre-Val de Loire. Poitiers (Vienne) n’est qu’à 100 km de Tours, par autoroute, mais à 250 km (via A10) de Bordeaux. Niort (Deux-Sèvres) est à 150 km par autoroute de Nantes, et à 190 km de Bordeaux.

Un élément géographique est notable : le seuil du Poitou, qui sépare les bassins aquitain et parisien, sépare justement les Charentes (au sud) du Poitou (au nord). Alors, pourquoi pas respecter la géographie.

Mais un autre souci vient de l’extension de la région Nouvelle-Aquitaine vers le nord, et de la région Occitanie vers l’est. Bordeaux, métropole de la Région Nouvelle-Aquitaine, va encore plus tourner son regard vers le nord. Toulouse, la métropole de la région Occitanie, va tourner son regard vers les grandes villes de l’ex région Languedoc Roussillon (Montpellier, Nîmes, Perpignan) et risque de délaisser les départements de l’ouest régional, plus ruraux. Alors pourquoi ne pas rapprocher les Hautes-Pyrénées (65) et les Pyrénées-Atlantiques (64), le Gers (32) gascon et les Landes (40) de Gascogne ?

On peut noter que le parc des Pyrénées est situé à cheval entre les départements 64 et 65, donc séparé entre les régions Nouvelle-Aquitaine et Midi-Pyrénées, comme le sont les vignobles de Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh, et le vignoble d’Armagnac. Il y a là une incohérence. De plus, Pau (64) et Tarbes (65), distantes de seulement 45 km. Mais elles sont séparées régionalement, chacune proche et au bout du bout de leur région respective.

On retrouve le reproche d’une politique trop conçue pour les métropoles, et trop peu pour les villes moyennes, même si l’agglomération de Pau atteint 200 000 habitants. Question : comment favoriser un avenir commun et meilleur aux agglomérations de Pau-Pyrénées et Tarbes-Lourdes-Pyrénées ? En les regroupant dans une même région !

Evolutions

Sans exclure la présence de langues « régionales » et de bilinguisme, le latin fut la langue commune de l’empire romain qui disparait au Ve siècle. Il n’y eut plus d’unité politique de la Gaule et en particulier du Midi (sud de la France) sinon par les conquêtes des Francs (Clovis, Charlemagne) puis des  rois de France (étalées du XIIIe au XVIIe siècle).

Comment donc serait possible le maintien d’une langue unique du Midi, de l’Atlantique aux Alpes, pendant plus de 1 500 ans ? Les langues ont en fait continué d’évoluer, plus ou moins régionalement. On observe aujourd’hui un nombre important de parlers, regroupés (par linguistique comparative) en catégories dont le nom est légitimé par une province historique (duchés et comtés), et par leur mention depuis plusieurs siècles dans les textes.

Les six regroupements consensuels des parlers d’oc sont : gascon (dont béarnais), languedocien, limousin, auvergnat, provençal et provençal alpin ; les deux derniers concernent les parlers à l’est du Rhône, donc extérieurs au champ de ce site. Ces parlers provinciaux sont les langues vivantes qui ont survécu jusqu’au XXe siècle à l’hégémonie du français dans l’éducation les derniers siècles.

 

Le point de vue du sociologue Pierre Bourdieu :

« Le fait d’appeler « occitan » la langue que parlent ceux que l’on appelle les « Occitans » parce qu’ils parlent cette langue (que personne ne parle à proprement parler puisqu’elle n’est que la somme d’un très grand nombre de parlers différents) et de nommer « Occitanie », prétendant ainsi à la faire exister comme « région » ou comme « nation » (avec toutes les implications historiquement constituées que ces notions enferment au moment considéré), la région (au sens d’espace physique) où cette langue est parlée, n’est pas une fiction sans effet ».

« En fait, cette langue (l’occitan) est elle-même un artefact social, inventé au prix d’une indifférence décisoire aux différences, qui reproduit au niveau de la « région » l’imposition arbitraire d’une norme unique contre laquelle se dresse le régionalisme et qui ne pourrait devenir le principe réel des pratiques linguistiques qu’au prix d’une inculcation systématique analogue à celle qui a imposé l’usage généralisé du français. »

(Ce que parler veut dire, Fayard 1982, rééd. 2014)

Langues régionales du Midi

Midi est pris au sens : région Sud de la France (Sud-Ouest compris). De même que méridional signifie : qui est au sud, qui est du midi.

Les parlers locaux varient, de plus en plus avec la distance ; certains décrivaient la France des patois comme une mosaïque, vue de Paris. Le mot patois, pour désigner ces nombreux parlers, dérive sans doute du mot latin pater, père (langue paternelle, langue du père). Langues parlées depuis de nombreux siècles, langues de tous les jours dans chaque communauté locale, surtout à la campagne, jusqu’au milieu du XXe siècle au moins.

Comment regrouper ces parlers en catégories ? Trouver un nom ? En utilisant le nom de duchés, ou comtés, devenus provinces historiques, pour appeler la plupart des langues ou dialectes régionaux : la mosaïque se simplifie un peu. Dans les textes anciens, le nom du fief, de la province ou de ses habitants est souvent antérieur à celui de la langue.

Les noms de parlers, idiomes ou patois de France présents dans le fameux rapport de l’abbé (Henri) Grégoire, peu après le début de la Révolution française :

« Rapport sur la nécessité et les moyens d’anéantir les patois et d’universaliser l’usage de la langue française » (1794)

Extrait : « Nous n’avons plus de provinces, & nous avons encore environ trente patois qui en rappellent les noms. Peut-être n’est-il pas inutile d’en faire l’énumération :

le bas-breton, le normand, le picard, le rouchi ou wallon, le flamand, le champenois, le messin, le lorrain, le franc-comtois, le bourguignon, le bressan, le lyonnais, le dauphinois, l’auvergnat, le poitevin, le limousin, le picard, le provençal, le languedocien, le velayen, le catalan, le béarnois, le basque, le rouergat & le gascon ; ce dernier seul est parlé sur une surface de 60 lieues en tous sens. Au nombre des patois, on doit placer encore l’italien de la Corse, des Alpes-Maritimes, & l’allemand des Haut & Bas-Rhin, parce que ces deux idiomes y sont très dégénérés. » (sic)

« Anéantir les patois », pas moins, pour les remplacer par le français : le titre annonce les objectifs. Ceci afin d’homogénéiser la France, et aussi en opposant les patois au français, vu comme seule langue écrite prestigieuse par ses ouvrages (de savants, d’écrivains) en France à l’époque moderne. Pourtant, être bilingue est au contraire un atout, en fait : il rend plus facile l’apprentissage d’autres langues.

En France méridionale, H. Grégoire mentionne donc : « le poitevin, le limousin, l’auvergnat, le velayen, le dauphinois, le provençal, le languedocien, le rouergat, le catalan, le béarnois, le basque & le gascon ; ce dernier seul est parlé sur une surface de 60 lieues (environ 240 km) en tout sens ». Ainsi que « l’italien de la Corse, des Alpes-Maritimes ».

Toutes, sauf le basque, sont des langues romanes, c’est à dire issues du latin. Parmi les langues romanes du Midi, on retrouve les dénominations qui font toujours consensus pour cinq grands groupes de dialectes ou langues d’oc  : limousin, auvergnat, provençal, languedocien, gascon et béarnais. Le poitevin (ou plutôt saintongeais, Charentes) n’en fait plus partie depuis la guerre de Cent ans (XIVe-XVe siècles).

Un linguiste comme Claude Hagège n’attache pas grande importance à la distinction entre langue et dialecte : il s’agit de langues, même si le terme dialectes indique une parenté plus proche. Quelles parentés, pour les langues de France, et les langues d’oc ? Les études comparatives ont fait progresser les connaissances (à suivre)

 

Bibliographie :

Aventures et mésaventures des langues de France, Henriette Walter, éd. Honoré Champion (2012)

Langues d’oc, Langues de France, Institut Béarnais et Gascon, Unioun Prouvençalo, éd. Princi negue (2006)

Fleuves et rivières du Sud-Ouest : partage des eaux et régions

440px-adour-garonne-regionsBassin Adour-Garonne

Frontières

L’idée de « frontières naturelles » (mers, montagnes) a été émise, en France notamment, comme argument géographique pour définir des limites « naturelles » de pays. Les fleuves et rivières aussi furent vus souvent comme de telles frontières naturelles entre populations, provinces ou pays. Déjà, Jules César utilisait les fleuves pour limites dans sa description des trois Gaules (Aquitania/Aquitanie, Celtique et Belgique) au début du Livre I de son récit Guerre des Gaules (p.1 éd. Les Belles Lettres, Paris, 2007) :

« L’ensemble de la Gaule est divisé en trois parties », écrit J. César, qui nomme leurs peuples respectifs : les Belges (Belgae), les Aquitans (Aquitani), les Celtes (Celtae) ou Gaulois (Galli, en latin).

« Tous ces peuples diffèrent entre eux par le langage, les coutumes, les lois. Les Gaulois/Celtes sont séparés des Aquitans par la Garonne (Garunna), des Belges par la Marne (Matrona) et la Seine (Sequana) » écrit-il ensuite.

Liaisons

Cependant, les cours d’eau ont aussi une fonction de liaison, pour le transport des hommes et des marchandises, documentée depuis la protohistoire : outre le Rhône et la Loire, l’axe Aude-Garonne permet déjà de passer de la mer Méditerranée à l’océan Atlantique via l’isthme Midi-Pyrénéen (p. 27, L’âge du Fer en France, P. Brun & P. Ruby, La Découverte, 2008). Sans omettre les pirates Vikings (du VIIIe au XIe siècle) pour qui fleuves et rivières furent des voies de pénétration loin à l’intérieur des terres, et non des barrières.

Cette fonction de liaison est une justification pour décrire dans un seul ensemble le bassin d’un fleuve et de ses affluents. Aux deux principaux fleuves pyrénéens, Adour et Garonne, s’ajoute la Dordogne qui conflue avec la Garonne dans l’estuaire de la Gironde. Puis la Charente, dont le bassin couvre les deux départements de Charente et Charente-Maritime.

Bassin Adour-Garonne

Comparé au découpage en départements, le bassin Adour-Garonne (et Dordogne) couvre l’essentiel des ex-régions ‘Aquitaine’ et ‘Midi-Pyrénées’, et en partie le département de Lozère. Mais l’ex-région ‘Languedoc-Roussillon’ (Aude, Hérault, Gard) reste distincte : l’Aude et l’Hérault sont deux fleuves côtiers dont le bassin respectif est compris dans le département éponyme ; et le Gard est un affluent du Rhône. Sur la base des bassins versants, ce sont ‘Aquitaine’ et ‘Midi-Pyrénées’ qui forment une fusion naturelle.

Et si on prenait la ligne de partage des eaux entre bassins de (Charente, Dordogne, Garonne)  et bassin de la Loire, comme délimitation de régions ?

Le seuil du Poitou (situé environ 30 km au sud de Poitiers) fournit un repère géographique de limite régionale nord/sud  : il marque la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Loire au nord, et celui de la Charente au sud. De même, il sépare le Poitou (au nord) des deux départements charentais (au sud) qui marquent le début du Bassin aquitain. S’y superpose une ligne de changement climatique entre le Bassin parisien (au nord) et le Bassin aquitain (au sud) qui bénéficie d’un climat océanique plus chaud.

Près du seuil du Poitou, plusieurs « batailles de Poitiers » historiques furent déterminantes :

507, à Vouillé : victoire des Francs de Clovis sur les Wisigoths d’Alaric II. Elle signe la fin du royaume Wisigoth ‘de Toulouse’ (418-507) en Aquitanie.

732 : victoire des Francs de Charles Martel (et des Vascons/Aquitans du duc Eudes) sur les Sarrasins. Elle marque le début de la présence des carolingiens dans le Sud-Ouest.

1356, à Nouaillé-Maupertuis : victoire des Anglais, pendant la guerre de Cent ans. Le roi français Jean le Bon est fait prisonnier.

 

La (ou les) lignes de partage des eaux  entre bassins de la Dordogne ou de la Garonne, et bassin  de la Loire (ou du Rhône) concerne d’autres départements à l’est des Charentes (à suivre)

 

Aquitanie / Aquitania (1 sur 3)

Les auteurs anciens ont été interprétés pour faire l’inventaire des peuples des Gaules, par leur nom et par les limites de leur territoire respectif. Vaste sujet. Nous allons nous intéresser plutôt au sujet plus simple du devenir du terme Aquitania.

Empire romain (-50 à 420)

L’apparition du mot Aquitania (et de ses habitants : Aquitani) chez les auteurs antiques (dont les écrits nous sont parvenus) date du récit (en latin) par Jules César de sa Guerre des Gaules, écrit vers -52 après sa victoire d’Alésia. (voir ed. Les Belles Lettres, Paris, 2007).

Selon César, Aquitania s’étend de la Garonne aux Pyrénées (« a Garunna flumine ad Pyrenaeos montes« ) et à l’océan proche de Hispanie (Hispania, la péninsule ibérique / futurs Espagne + Portugal). Soit une forme avec trois limites. A l’est cependant, la conquête vers -120 de la Province romaine (Narbonnaise) en fait la frontière logique de Aquitania décrite par César. On sait que Tolosa (future Toulouse, ou plutôt Vieille-Toulouse) faisait partie de l’ouest de la Province romaine ; le site est sur une hauteur riveraine à l’est de la Garonne et un peu au nord de la confluence Ariège-Garonne.

Au fil des siècles, les territoires de nom Aquitania ou ses dérivés ultérieurs (Aquitanie, Aquitaine, …)  vont ensuite plusieurs fois varier dans leur extension, mais rester compris entre Pyrénées, océan Atlantique et Loire. Les indications géographiques de César, Strabon, Diodore de Sicile, sont concordantes et les exégètes indiquent une source commune dans les œuvres de Posidonios, au Ier siècle avant notre ère : il a voyagé en Gaule 50 ans avant les conquêtes de J. César.

Dans son ouvrage Géographie (en grec ancien) dont le livre IV sur les Gaules fut rédigé vers 18 selon F. Lasserre (ed. Les Belles Lettres, Paris, 2003) Strabon reprend d’abord les mêmes repères géographiques que J. César : les Aquitani (Aquitans/Aquitains) ont pour frontière la Garonne et occupent le territoire sis entre ce fleuve et le Mont Pyréné. Si l’on transcrit du grec, Stabon écrit Akouitanoi (pour les habitants)  ce qui dénote une prononciation de ‘Aqui’ non à la française, mais avec le son ou.

Mais Strabon précise aussi qu’Auguste, devenu empereur, vainqueur de Marc-Antoine après la mort de César (en -44), a ajouté (vers -27) à Aquitania initiale de César « tout le territoire situé entre la Garonne à la Loire » soit une douzaine de « cités » (civitas) ou peuples  gaulois. Désormais, dans l’histoire officielle des noms de territoires, la grande Aquitania d’Auguste (jusqu’à la Loire) va supplanter celle de César (jusqu’à la Garonne) qui contient pourtant l’origine du terme.

Au IVe siècle, Aquitania d’Auguste est scindée en provincia Aquitanica et provincia Novempopulana. Vers 400, la Notice des provinces de l’Empire (Notitia provinciarum et civitatum Galliae) mentionne trois provinces : Provincia Aquitanica prima, Provincia Aquitanica secunda, Provincia Novempopulana. Cette dernière, entre Garonne-Ariège et Pyrénées, est proche de Aquitania de César. Provincia Aquitanica prima occupe l’est, et Provincia Aquitanica secunda l’ouest, de l’extension par Auguste de Aquitania entre Garonne et Loire.

Aquitanica est un adjectif, et signifie d’Aquitaine, indique le dictionnaire Gaffiot (latin-français). Tous les écrits de ces périodes sont encore en grec ancien ou en latin. Les langues romanes (régionales ou nationales, issues du latin) ne prendront le pas que bien plus tard, même si les langues parlées ont poursuivi leur évolution.

 

Bibliographie :

Guerre des Gaules (2 t.), César, éd. Les Belles Lettres, Paris (2007 & 2008)

Géographie (livres III et IV), Strabon, éd. Les Belles Lettres, Paris (2003)

Pour des listes ‘Sud-Ouest’ aux élections européennes

220px-franceeurocirconscriptions-2-svg élections européennes, euro-circonscriptions 2004 à 2019

Le redécoupage/assemblage récent des régions  a entrainé des modifications majeures de limites régionales, pour les élections régionales 2015 ; dans le Sud-Ouest,

. Fusion des régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, d’où résulte la néo-région « Occitanie (Pyrénées-Méditerranée) »

. Fusion des régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes, d’où résulte la néo-région « Nouvelle-Aquitaine »

Une autre conséquence probable est le changement des euro-circonscriptions (multi-régionales) pour les élections européennes 2019, car l’euro-circonscription ‘Sud-Ouest’ était formée de trois régions antérieurement (Aquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon) sans Poitou-Charentes ni Limousin. En fait, le gouvernement annonce maintenant le retour à des listes nationales.

On avance que la plupart des pays européens ont des listes nationales aux élections européennes ; mais sept pays de l’UE ont entre 8 et 12 millions habitants ; seulement cinq plus de 40 millions ; treize moins de 7 millions d’habitants. Or, 8 à 12 millions d’habitants, c’est déjà la taille des euro-circonscriptions françaises actuelles !

 

Euro-circonscriptions multi-régionales

La France a 67 millions d’habitants. Pour maintenir 6 (ou 7 avec outre-mer) circonscriptions aux élections européennes, on peut modifier autrement les euro-circonscriptions en tenant compte du ré-assemblage régional de 2015 :

Les euro-circonscriptions ‘Nord-Ouest‘ (néo-régions Hauts-de-France & Normandie) et ‘Est‘ (néo-régions Grand Est & Bourgogne-Franche-Comté) peuvent rester inchangées après cette réforme régionale, ‘Île-de-France‘ (et ‘Outre-mer‘, à regrouper ou non) aussi ; l’ex euro-circonscription ‘Massif central-Centre‘ peut être divisée et répartie aisément : Limousin avec ‘Sud-Ouest‘ (inclut ex-Aquitaine et « Occitanie »), région Centre-Val de Loire avec ‘Ouest‘, Auvergne avec ‘Sud-Est‘ (inclut ex-Rhône-Alpes et Provence).

Il ne reste que l’ex-région Poitou-Charentes, à diviser en deux ? Une évidence géographique s’impose, la néo-région « Nouvelle-Aquitaine » s’étire trop du nord au sud, sur plus de 400 km. Les Charentes sont tournées davantage vers Bordeaux, mais les Deux-Sèvres sont plus proches des Pays de Loire, avec Vendée, et Poitiers plus proche de Tours que de Bordeaux. Le même quotidien régional est d’ailleurs présent à Poitiers et Tours.

Pourquoi chaque région devrait-elle être incluse strictement dans une euro-circonscription ? Pourquoi pas une euro-circonscription ‘Sud-Ouest’ des Charentes (et Limousin) aux Pyrénées, en compagnie toujours de « Occitanie (Pyrénées-Méditerranée) » ? Pour garder un ancrage régional aux députés européens. Pour que tout ne se décide pas « à Paris ».

S’il faut faire coïncider strictement les limites des régions et euro-circonscriptions, autant rectifier les limites régionales, en passant par exemple le département des Deux-Sèvres (79) en région Pays-de-Loire, et celui de la Vienne (86) en région Centre-Val-de-Loire : Niort (79) est plus proche de Nantes (150 km) que de Bordeaux (190 km), et Poitiers est bien plus proche de Tours (100 km) que de Bordeaux (230 km).